La raison de l’interdiction du jeûne à la femme qui est dans son cycle menstruel
Nous voulons savoir la raison pour laquelle la femme qui est dans son cycle est invitée à s’abstenir du jeûne, malgré l’absence d’un rapport entre le jeûne et l’état d’impropreté.
Louanges à Allah
Premièrement, le croyant doit accepter le jugement d’Allah et s’y soumettre même s’il
n’en connaît pas la raison. Car il lui suffit de comprendre qu’il s’agit d’un
ordre d’Allah et de son Messager (bénédiction et salut soient sur lui). Allah
le Très Haut dit : «Il n' appartient pas à un croyant ou à une croyante,
une fois qu' Allah et Son messager ont décidé d' une chose d' avoir encore le
choix dans leur façon d' agir. Et quiconque désobéit à Allah et à Son messager,
s' est égaré certes, d' un égarement évident. » (Coran, 33 : 36) et :
«- La seule parole des croyants, quand on les appelle vers Allah et Son messager,
pour que celui-ci juge parmi eux, est: 'Nous avons entendu et nous avons
obéi'. Et voilà ceux qui réussissent. » (Coran, 24 : 51).
Deuxièmement, le croyant doit être animé de la certitude que le Très Haut est sage
et qu’Il n’établit rien si ce n’est sur la base d’une profonde sagesse. Tout
ordre qu’Il donne est totalement ou largement motivé par un avantage ,
et tout interdit qu’Il prononce est totalement ou largement motivé par un inconvénient.
Que sont beaux ces propos d’Ibn Kathir (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde)
dans al-Bidaya wa an-nihaya (6/79) :
« La loi du Prophète (bénédiction et salut soient sur lui) est la
plus parfaite, car elle prône tout ce que la raison juge bon et interdit tout
ce que la raison juge répréhensible. On ne peut dire d’aucun de ses ordres :
si seulement, elle n’avait pas établi cet ordre-là ! Et on ne peut dire
d’aucun de ses interdits : si seulement elle n’avait pas formulé cet interdit-là ! ».
Cependant nous pouvons saisir entièrement ou partiellement la raison qui
sous-tend les ordres et les interdits ; nous pouvons aussi l’ignorer partiellement
ou totalement.
Troisièmement, les ulémas affirment unanimement que le jeûne est interdit à la femme
qui voit ses règles et qu’elle doit rattraper le jeûne des jours non jeûnés
à cause des menstrues, quand il s’agit d’un jeûne obligatoire comme celui du
Ramadan. Les ulémas sont encore d’avis que si une telle femme observe le jeûne,
celui-ci n’est pas valide.
Voir la question n° 50282.
Cependant leur avis divergent à propos de la raison de l’invalidité du
jeûne d’une telle femme. Certains d’entre eux disent : nous n’en connaissons
pas la raison. Imam al-Haramayn dit : « l’invalidité de son jeûne
est incompréhensible, car la propreté rituelle n’est pas requise pour la pratique
du jeûne ». (extrait d’al-Majmou, 2/386). D’autres ont dit :
Allah le Très Haut a interdit le jeûne à la femme qui est dans son cycle par
pitié pour elle. Car elle est affaiblie par l’écoulement du sang. De sorte que
si elle jeûne elle sera doublement affaiblie par la perte du sang et par la
privation de nourriture. Or, dans ce cas, le jeûne n’est plus un facteur d’équilibre.
Au contraire, il peut même être nuisible.
Cheikh al-islam dit dans Majmou al-fatawa (25/234) : « Nous
mentionnons la raison (justifiant l’interdiction du jeûne à la femme qui est
dans son cycle) et soutenons que cette disposition est conforme au raisonnement
par analogie : la Charia est parfaitement équitable ; les excès culturels
constituent une iniquité interdite par le Législateur. En effet, celui-ci prône
la modération dans les pratiques cultuelles. C’est pourquoi il a donné l’ordre
de hâter la rupture du jeûne et de retarder la prise du repas de l’aube et interdit
le jeûne continu. A ce propos, il a dit : « le meilleur jeûne, le
plus équilibré est celui de David (psl) ; il jeûnait un jour sur deux et
ne reculait pas devant l’ennemi. La pratique cultuelle équilibrée est un des
plus grands objectifs visés par le Législateur. C’est pourquoi le Très Haut
dit : « Ocirc; les croyants: ne déclarez pas illicites les bonnes
choses qu' Allah vous a rendues licites. Et ne transgressez pas. Allah, (en
vérité,) n' aime pas les transgresseurs.» (Coran, 5 : 87). Ici, il présente
l’interdiction du licite comme une transgression contraire à l’équité. Et le
Très Haut dit encore : «C' est à cause des iniquités des Juifs que Nous
leur avons rendu illicites les bonnes nourritures qui leur étaient licites,
et aussi à cause de ce qu' ils obstruent le sentier d' Allah, (à eux-mêmes et)
à beaucoup de monde, - et à cause de ce qu' ils prennent des intérêts usuraires - qui
leur étaient pourtant interdits » (Coran, 4 : 160-161).
Quand ils sont devenus injustes, ils ont été punis par la privation de
bonnes nourritures. Ce qui n’est pas le cas de la Communauté du juste milieu.
Car les bonnes nourritures sont rendues licites pour ses membres, et les mauvaises
nourritures illicites. Cela étant, il est interdit au jeûneur de prendre des
aliments pouvant le nourrir et le fortifier, comme il lui est interdit d’évacuer
la nourriture déjà absorbée et tout ce qui est de nature à l’affaiblir. Car
si on lui permettrait le contraire, il subirait un préjudice et commettrait
une transgression et cesserait d’être modéré dans sa pratique cultuelle.
Les matières évacuées sont de deux catégories : ce qui s’expulse
et échappe au contrôle mais reste sans nocivité comme l’urine et les excréments ;
l’évacuation des matières de cette catégorie ne peut pas être interdite ;
si on la provoque, cela n’entraîne aucune nocivité. Bien au contraire, elle
soulage. C’est aussi le cas de celui qui est envahi par le vomissement de sorte
qu’il ne peut pas l’éviter. Il en est de même de la souillure qui découle d’un
songe.
Le vomissement provoqué entraîne l’expulsion d’aliments .. La masturbation
s’accompagne d’un plaisir…
L’écoulement menstruel est une évacuation de sang. Et la femme qui le
subit peut observer le jeûne en dehors de son cycle. Car le jeûne dans cet état
offre plus d’équilibre puisque pratiqué à un moment où le corps ne perd pas
le sang qui constitue sa principale source de force. Jeûner pendant le cycle
entraîne une perte de sang donc de force et provoque un affaiblissement ;
ce qui représente un jeûne non équilibré. C’est pourquoi on lui a donné l’ordre
de jeûner en dehors du cycle menstruel ».