Peut on jeûner le 15 chaabane, même si le hadith le concernant reste faible?
Connaissant le caractère faible du hadith, peut on quand même l'appliquer dans le chapitre des mérites des actions. Il s'agit du hadith qui dit: «Passez en prière la nuit du 15e jour de chabaane et jeûnez la journée» étant donné que la prière comme le jeûne sont alors effectués à titre surérogatoire?
Louanges à Allah
Premièrement, les hadith rapportés
concernant le mérite de la prière et du jeûne effectués le 15 chabaane ne relèvent
pas des hadith faibles mais plutôt des hadiths apocryphes donc faux. Il n'est
donc pas permis de les appliquer ni comme preuve du caractère méritoire d'une
action ni à d'autres propos. Un groupe d'ulémas ont jugé les hadiths en question
faux. Parmi eux figurent Ibn al-Djawzi dans son
ouvrage intitulé al-Mawdhou'at,2/440-445 , Ibn
Qayyim al-Djawziyya dans al-Manar al-Mounif,
n° 174-177 , Abou Chamah, le chafiite,
dans al-Ba'ith alaa
inkaar al-bid'a wal-hawadith (124-137) et al-Iraqui dans takhridj Ihyaa uloumiddine n° 858.
Cheikh al-Islam a rapporté dans Madjmou'
al-Fatawa (28/138)qu'un
consensus s'était dégagé sur leur fausseté.
Cheikh Ibn Baz (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) a
dit à propos de la célébration de la nuit du 15 chabaane:
«Certes, le fait de célébrer la nuit du 15 chabaane
en lui consacrant des prières ou d'autres actes et de consacrer sa journée au
jeûne constitue une odieuse innovation selon la plupart des ulémas. Cela n'a
aucun fondement dans la loi purifiée.»
Il dit encore (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde)
: « Aucun hadith authentique n'est rapporté à propos de la nuit du 15 chabaane. Tous les hadiths rapportés à ce propos sont
apocryphes et faibles et sans fondement. Rien de particulier n'est réservé à
cette nuit ni une prière à faire ni une invocation ni une pratique collective.
L'avis de certains ulémas selon lequel la nuit a quelque chose de spécial est
un avis faible. Aussi ne faut il rien lui réserver. Voilà la vérité. Allah est
le garant de l'assistance. »
Fatwa islamique,4/511. Voir la question n°
8907
Deuxièmement, à supposer que les hadiths en question ne
soient que faibles mais pas apocryphes, l'avis juste émis par les ulémas veut
qu'on n'applique pas du tout un hadith
faible, même quand il ne fait qu'indiquer le mérite d'une action ou faire
désirer une chose ou la faire craindre. Il y a assez de hadiths authentiques
pour nous dispenser de l'emploi du faible. Il n'est pas connu que le Prophète
(bénédiction et salut soient sur lui ) et ses compagnons
accordaient une importance particulière à cette nuit.
L'érudit, Ahmad Chakir dit: «Il n'y a pas de différence entre les
dispositions légales et les mérites des actions et d'autres éléments pareils en
ceci qu'on n'a pas besoin d'avoir recours à des hadiths faibles pour les
prouver. On ne peut tirer des arguments que de ce qui a été rapporté
authentiquement du Messager d'Allah (bénédiction et salut soient sur lui) en
fait de hadiths authentiques et bons. » Al-ba'th
al-hathith,1/278. Pour
davantage d'informations voir al-qawl al-mounif fii houkmil
amam bil hadith adh-dhai'f. Voir encore la réponse donnée à la question n°
44877.
Allah le sait mieux.