Le hadith d'Abou Moussa et Houdhayfah selon lequel le nombre des takbiir (Allah akbar) à prononcer dans le cadre de la prière marquant la Fête est de quatre à l'instar de la prière faite pour les morts
Abou Dawoud cite dans ses Sunan au chapitre sur les takbiir ce hadith : Muhamamd ibn al-Alaa et Ibn Abi Ziyaad nous ont raconté dans presque les mêmes termes d'après Zayd ibn Habbab d'après Abdour Rahman ibn Thwbaan d'après son père d'après Makhoul qu'Abou Aicha, un proche compagnon d'Abou Hourayrah, l'avait informé que Said ibn al-As avait interrogé Abou Moussa al-Achari et Houdhyfah ibn al-Yaman sur la manière dont le Messager d'Allah (Bénédiction et salut soient sur lui) prononçait les takbiir dans les prières marquant les Fêtes de fin de Ramadan et du Sacrifice. Abou Moussa lui dit: «Il prononçait quatre takbiir comme il le faisait dans la prière faite pour les morts.» Houdhayfah dit: «Il a raison.» Abou Moussa dit:«C'est ce que je faisais quand j'étais affecté à Bassora.» Abou Aicha dit:«J'étais là aux côtés de Said ibn al-As.» Cheikh al-Albani dit que le hadith est bon et authentique.
Ce hadith a-t-il été jugé authentique par un autre qu'al-Albani? Qu'en pensez vous?
Louanges à Allah
Premièrement, ce que confirment de nombreux hadiths
hautement attribué est que le nombre des takbiir dans
la prière marquant la Fête est de 7 dans la première rakaa
en plus du takbiir d'entrée en prière et de 5 dans la
seconde rakaa en plus du takbiir
de redressement.
D'après Abdoullah ibn Amre ibn al-As (P.A.a), le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) a
dit: «Le nombre des takbiir à prononcer dans la
prière marquant la Fête de fin de Ramadan est de 7 dans la première rakaa et de 5 dans la seconde, et la récitation du Coran,
doit suivre la série de takbiir dans les deux cas.»
(Rapporté par Abou Dawoud,1151).
At-Tirmidhi a rapporté qu'al-Bokhari a jugé ce hadith authentique. Voir Tartiib al-Ilal al-kabiir (154). Le hadith est jugé bon par an-Nawawi dans al-Khoulassah
(2/831) et jugé authentique dans Sahih Abou Dawoud.
D'après Kathir ibn Abdoullah d'après son père d'après son grand père, le
Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) prononçait dans la prière
marquant les Deux Fêtes 7 takbiir dans la première rakaa et 5 dans la seconde avant de passer à la récitation
(du Coran) (Rapporté par at-Tirmidhi, 536). Kathir ajoute: dans le même chapitre, on a rapporté des
hadiths reçus d'Aicha, d'Ibn Omar, d'Abdoullah ibn Amre. » Le hadith transmis par le grand père de Kathir, Amre ibn Awf al-Mouzani, est bon, voire le
meilleur reçu du Prophète (Bénédiction
et salut soient sur lui) sur le sujet.»
At-Tirmidhi a rapporté ces
propos d'al-Bokhari (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde):«Rien
sur ce chapitre n'est plus sûr que ce hadith. C'est ce j'adopte.» Tartiib al-Ilal al-kabiir (153).
Un nombre important d'ulémas ont retenu ces hadiths au
par avant appliqués par un grand nombre de compagnons et de leurs successeurs
immédiats.
An-Nawawi (Puisse Allah
lui accorder Sa miséricorde) a dit:« Selon notre doctrine, la première rakaa compte 7 takbiir et le
seconde 5. Ce qu'al-Khattabi a rapporté dans Maaalim as-sunan
d'après la majorité des ulémas. L'auteur d'al-Haawi
l'a rapporté d'après la majorité des compagnons et de leurs successeurs. Il
l'a attribué à ibn Omar, à Ibn Abbas, à Abou Hourayrah,
à Abou Said al-Khoudry , à Yahya al-Ansari,
à az-Zouhri, à Malick à Al-Awzaai, à Ahmad et à Isaac.
Al-Mahamili l'a rapporté
d'après Abou Bakre as-Saddiq,
Omar, Ali, Zayd ibn Thabit
et Aicha (P.A.a). Al-Abdari
l'a rapporté d'après al-Layth, Abou Youssouf et Dawoud.» Extrait d'al-Madjmou
(5/24-25).
Deuxièmement,
s'agissant des hadiths hautement attribués qui vont dans le sens contraire de
ce qui précède comme le hadith cité par l'auteur de la question, beaucoup d'ulémas les ont jugés
faibles pour les raisons suivantes:
1.La chaîne de ses
rapporteurs contient Abdourrahman ibn Thabit ibn Thawbaan. L'imam Ahmad
dit de lui que ses hadiths sont contestables. Ailleurs, il dit qu'il n'était
pas fort en matière de hadith. Ibn Maain dit dans une
version qu'il est faible. Pour an-Nassai, il est
faible. Mais Abou Hatim l'a jugé sûr. Ibn Maain dit (dans une autre version) qu'il ne représente
aucun inconvénient. Voir Tahdhiib at-Tahdhiib (6/151).
2. La chaîne
contient Abou Aicha, le proche d'Abou Hourayrah, qui
est un inconnu selon Ibn Hazem, Ibn al-Qattan et adh-Dhahabi comme il
est affirmé dans Bayan al-Wahm
(4/44) et dans Mizaan al-Itidal
(4/543).
3.La version
ci-dessus cité contredit d'autres versions plus célèbres et plus sûres. Il s'y
ajoute qu'Abou Moussa et Houdhayfah ont évoqué la
prononciation de 4 takbiir en l'ont attribué à Ibn
Massoud et ne l'ont pas reçu du Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui)
Al-Bayhaqui (Puisse
Allah lui accorder Sa miséricorde) a dit: «Le rapporteur du hadith est contredit dans deux
aspects:l'un est la haute attribution du hadith. L'autre consiste dans la
réponse d'Abou Moussa.
Ce qui est plus
largement connu à propos de cette histoire, c'est que les rapporteurs du hadith
l'ont attribué à Ibn Massoud et que ce dernier l'a donné comme un avis à celui
qui l'a reçu de lui mais il ne l'a pas attribué au Prophète (Bénédiction et
salut soient sur lui).
Abou Isaac as-Soubayi l'a rapporté d'après Abdoullah
ibn Moussa ou d'après ibn Abi Moussa selon
lequel Said ibn al-Ass envoya à Ibn Massoud et à Houdhayfah
et à Abou Moussa et les interrogea sur les takbiir
prononcés dans la prière marquant la
Fête . Les rapporteurs s'en référèrent à ibn Massoud qui dit: tu prononces 4 takbiir avant de réciter le Coran. Une fois la récitation
terminée, tu prononces le takbiir avant de
t'incliner. Ensuite tu te relèves pour procéder à la deuxième rakaa et récites le Coran avant de prononcer les takbiir.
Abdourrahman est ibn Thabit ibn Thawbaan jugé faible
par Yahya ibn Maain tout en
disant qu'il était un homme vertueux. An-Nou'man ibn al-Moundhir l'a rapporté d'après Makhoul
d'après l'envoyé d'Abou Moussa et de Haoudhayfa
d'après ces deux derniers d'après le
Messager (Bénédiction et salut soient sur lui) sans citer le Messager. Il dit :
à l'exception du takbiir d'entrée en prière et de
celui qui précède l'inclinaison.» Voir as-Sunan al-Koubra
(3/289).
Al-Khattabi a dit:« Il (Abdourrahman) a rapporté
d'Abou Dawoud sur ce chapitre un hadith faible qu'il
a cité.» Voir Maalim as-Sunan
(1/251).
Ibn Hazem (Puisse Allah lui accorder sa miséricorde) a dit: «Il (le hadith) n'est pas authentique.» Voir al-Mouhalla (5/84).
Ibn Qoudamah (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) a dit: «Il est faible.» Voir al-Moughni (3/270).
An-Nawawi (Puisse
Allah lui accorder Sa miséricorde) a dit:«C'est un hadith faible.» Voir al-Madjmou'
(5/25). Ibn Abdoul Hadi l'a jugé faible dans Tanquih at-Tahquiq
(2/93).
Voici un autre
hadith:«L'un des
compagnons du prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) a dit: «Le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) nous a
dirigé la prière au cours d'un jour de fête puis il a prononcé quatre takbiir puis quatre autres takbiir.
A la fin de sa prière ,il se retourna vers nous et
dit:«N'oubliez pas; c'est comme les takbiir que vous faites dans la prière pour les morts. Il
dit ceci en faisant un geste des doigts tout en pliant la pouce.» (Rapporté par at-Tahawi dans charh maani al-Attaar (4/3345).
Ali ibn Abdourrahman et Yahya ibn Outhmane nous a raconté en disant Abdoullah
ibn Youssouf nous a rapporté que Yahya ibn Hamzata a dit: Al-Wadhiiibn Atta nous a dit que Quassim Aba Abdourrahman lui a raconté d'après un des compagnons du
Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) ce dernier a dit...puis il cite
le hadith.
At-Tahawi (Puisse
Allah lui accorder Sa miséricorde) a dit: «La chaîne de ce hadith est bonne. Abdoullah
ibn Youssouf, Yahya ibn Hamzah, al-Wadhiin
et al-Qassim sont tous de rapporteurs dignes de
confiance parce que connus pour l'exactitude de ce qu'ils rapportent. Ils ne
sont pas comme ceux dont nous avons reçu les premières traditions. Si ce qui
relève de ce chapitre (la transmission du hadith) n'est acceptables que si la
chaîne de transmission est fiable, ce dernier hadith mérite mieux d'être retenu
que ce qui le contredit.» Al-Albani est du même avis dans as-silislah as-sahihah
(2997).
Cependant, même
si Ibn Maain et Ahmad ont dit de Wadhiin
ibn Ata qu'il ne représente aucun inconvénient, des
ulémas l'ont remis en casue. Al-Walid ibn Mouslim dit de lui
qu'il était un orateur mais n'était pas fort en matière de hadith. Muhammad ibn
Saad dit de lui qu'il était faible en hadith. Al-Djozdjani
dit de lui que son hadith est peu fiable. Abou Hatim
dit de lui qu'on peut accepter (certains de ces hadith)
comme on peut rejeter (certains de ces hadith). Ibrahim ibn Isaac al-Harbi dit de lui qu'il est moins sûr que les autres.
Abdoul Baqui ibn Qanii dit
de lui qu'il est faible.» Voir Tahdhiib at-Tahdhiib
(3/291).
Cela étant, les
hadiths qui évoquent 7 takbiir dans la première rakaa et 5 dans seconde sont plus nombreux et plus
authentiques et partant méritent mieux d'être retenus, d'autant plus que la
majorité des compagnons et des jurisconsultes les ont mis en pratique.
Al-Bayhaqui (Puisse
Allah lui accorder Sa miséricorde) a dit: «Le hadith transmis grâce à une chaîne ininterrompue
ajouté à la pratique des musulmans mérite mieux d'être suivi.» Voir as-Sunan al-koubra (3/291).An-Nawawi
(Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) a dit: «Ceux qui ont rapporté
les traditions sur lesquelles je m'appuie sont plus nombreux et ont la
mémoire plus fidèles et sont plus sûrs et jouissent de surcroit
d'un surplus (de crédibilité). Allah le sait mieux.» Voir al-Madjmou' (5/25).
On a déjà vu l'avis de l'imam al-Bokhari
(Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) à propos du hadith évoquant les takbiir portés à 7 dans la première rakaa
et à 5 dans la seconde, avis selon lequel la version allant dans ce sens est la
plus exacte de toutes les autres versions concernant la question.
Troisièmement, il est rapporté d'après Ibn Massoud (P.A.a) qu'il prononçait 4 takbiir
dans la première rakaa
et 4 encore dans la seconde. On a reçu d'autres
compagnons d'autres avis.» Voir Moussannaf
d'Ibn Abi Chaybah
(2/78-81).
Cela dit, la question relève de celles qui font l'objet
d'un effort de réflexion personnel, questions à propos desquelles tout musulman
retient ce qui lui semble mieux argumenté sans remettre en question l'avis
contraire.
Cheikh Ibn Outhaymine (Puisse
Allah lui accorder Sa miséricorde) a dit: «Si on faisait le contraire et
portait les takbiir à 5 dans la première et dans la
seconde ou à 7 dans les deux rakaa, selon ce qui ce
qui a été rapporté de compagnons, l'imam Ahmad (Puisse Allah lui accorder Sa
miséricorde) a dit: « Le nombre des takbiir fait
l'objet d'une divergence de vues au sein des compagnons du Prophète
(Bénédiction et salut soient sur lui), tout cela est permis. Autrement dit,
l'imam Ahmad (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) pensait que l'affaire
est l'objet d'une grande latitude et que
si on prononçait les takbiir d'une manière
différente de ce qui a été rapporté des compagnons, cela ne ferait l'objet
d'aucun inconvénient.
Voilà l'approche de l'imam Ahmad (Puisse Allah lui
accorder Sa miséricorde).Il pensait que quand les ancêtres développaient des
divergences à propos d'une question et qu'aucune partie ne disposait d'un texte
tranchant, il est permis à chacun de suivre l'avis de son choix. Cela est dû à
son respect des propos des compagnons.
C'est ce qui lui faisait dire qu'en l'absence d'un texte tranchant (en faveur
d'un avis), le sujet controversé reste l'objet d'une grande latitude. Nul doute
que cette approche de l'imam Ahmad est plus à même de rassembler la umma et réaliser une convergence.
Certains considèrent que la divergence qui porte sur une
question à propos de laquelle il est permis d'avoir des points de vue
différents justifie la division et la dissension. Ceux-là vont jusqu'à juger égarés leurs frères alors que ce sont eux-mêmes qui
sont les vrais égarés. Cette épreuve s'est répandue davantage à notre époque en dépit de ce que celle-ci
comporte en fait d'éléments justifiant l'optimisme qu'inspire le réveil de la
jeunesse. Car l'épreuve peut entraver le réveil et nous replonger dans une
profonde torpeur à cause des divisions. En effet, celles-ci sont telles que
quand quelqu'un voit que son frère (en religion) soutient sur un objet de
réflexion personnelle qui ne fait l'objet d'aucun texte tranchant
, il se met à éloigner les gens de lui, à le remettre en cause , voire à
l'injurier.
Voilà une vraie épreuve qui ne fait plaisir qu'aux
ennemis du réveil en question. Car les ennemis disent que l'appel des autres
s'embourbe dans des difficultés et que ses tenants s'empêtrent dans des
tiraillements. Les choses en sont arrivées
au point que les uns nourrissent pour leurs frères en religion une haine plus forte que celle qu'ils ont pour
les débauchés. A Allah ne plaise. Ceci est indubitablement préjudiciable (à
toute la communauté).
Il convient que les étudiants prennent conscience de ce
qui résulte de cette situation en termes de préjudice pour nous tous. Avez-vous
reçu une révélation divine prouvant que votre avis est juste? Si vous n'avez
pas reçu une révélation allant dans ce
sens, comment savez-vous que vous avez raison? Peut-être c'est votre
vis-à-vis qui a raison et vous tort?
Voilà la réalité. Personne en ce moment ne reçoit une
révélation divine. Le livre et la Sunna sont entre nos mains. Quant une
question est susceptible de faire l'objet d'un effort de réflexion personnel,
que chacun excuse son frère en ce qui concerne le résultat de sa réflexion. Il
faut engager un dialogue utile entre les tenants des différents point de
vue en l'absence des autres (partisans)
car ceux-ci peuvent tirer du dialogue des conclusions que les deux parties
n'entérinent pas. Les deux parties peuvent parvenir à une entente alors que les
autres (les partisans) continuent même après l'entente de nourrir des
sentiments (opposés). Satan les exploite pour semer l'inimitié en leur sein, ce
qui prolonge notre épreuve.
Je dis (Ibn Outahymine): Puisse
Allah réserver une bonne récompense à l'imam Ahmad pour sa belle approche selon
laquelle «Quand les ancêtres développaient des divergences à propos d'une
question et qu'aucune partie ne disposait d'un texte tranchant, il est permis
de suivre l'avis de son choix, le sujet controversé restant l'objet d'une
grande latitude.» Voir ach-Charh al-moumt'i (5/136-138). Voir à toutes fins utiles la réponse donnée à la question n°
36491.
Allah le sait mieux.