S'ils ne sont au courant de l'entrée du Ramadan qu'en pleine journée, que doivent-ils faire?
Si les gens ne savant que le Ramadan est entrée qu'au cours de la journée, doivent-ils s'abstenir de manger et de boire? S'ils le font devront-ils rattraper la journée non jeûnée?
Louanges
à Allah
Si
les gens ne sont au courant de l'arrivée du Ramadan qu'en pleine journée, ils doivent s'abstenir
de tout ce qui viole le jeûne pour le reste de la journée. Ce devoir repose sur
ce qui suit:
1.
La parole du Très-haut:«...quiconque d'entre vous est présent en ce mois, qu'il
jeûne!» (Coran, 2:85).
2.
Al-Bokhari (1900) et Mouslim
(1080) ont rapporté d'après Ibn Omar (P.A.a) qu'il a
entendu le Messager d'Allah (Bénédiction et salut soient sur lui):« Jeûnez
quand vous l'aurez aperçu.» Aussi fiait il dépendre le jeûne de la vision du
croissant lunaire. Cette vison étant réalisée dans le
cas présent, on doit commencer le jeûne.
3.
Al-Bokhari (2007) a rapporté d'après Salamata ibn al-Akwa (P.A.a) selon lequel le Prophète (Bénédiction et salut
soient sur lui) donna à un homme l'ordre de lancer cet appel: que celui qui
aurait mangé s'en abstienne pour le reste de la journée. Que celui qui n'aurait
pas jeûné, le fasse, la journée étant celle d'Achoura.»
S'agissant
de la nécessité du rattrapage, elle est l'objet d'une
divergence au sein des ulémas. Une partie d'entre eux ,
qui constitue la majorité, pense que le rattrapage est nécessaire en plus du
fait de s'abstenir de tout ce qui est contraire au jeûne pour le reste de la
journée. Elle tire son argument d'un hadith cité par al-Tirmidhi
(730) et rapporté par Hafsah (P.A.a)
selon laquelle le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) a dit:«Point
de jeûne pour celui qui n'en aurait pas nourri l'intention avant l'aube.»
(Déclaré authentique par al-Albani dans Sahihi Sunani Tirmidhi. Ils disent que dans le cas présent,
l'intention de jeûner n'a pas été nourrie depuis la veille, dès lors le jeûne
n'est pas valide. Le fait de s'abstenir de tout ce qui viole le jeûne n'est
demandé que par respect pour le temps (de jeûne)
Ibn
Qoudamah (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde)
dit:« Si on se réveille sans jeûner parce qu'on croit qu'on est encore en Chaaban avant d'avoir la preuve qu'on avait vu le croissant
la veille, on doit s'abstenir de tout ce qui viole le jeûne et rattraper le
jeûne du jour selon l'avis de la majorité des jurisconsultes.» Extrait d'al-Moughni (3/34).
Cheikh
Mansour al-Bahouti (Puisse
Allah lui accorder Sa miséricorde) a dit:« Si la vision ...» signifie la vision
du croissant marquant l'arrivée du Ramadan « en pleine journée» c'est-à-dire au
lendemain de la vision «ils sont tenus» c'est-à-dire les concernés par le jeûne
« de s'abstenir de tout ce qui viole le jeûne, même après avoir déjeuné» compte
tenu de l'ordre imposant cette abstinence à tout le monde.
Dès
lors, on fait ce dont on est capable, compte tenu du hadith: « Quand je vous
donne un ordre appliquez le dans la mesure du possible.» et «ils sont tenus
encore de procéder au rattrapage du jeûne du jour» puisqu'il s'est avéré qu'il
fait partie du Ramadan et qu'ils ne l'ont pas correctement jeûné, d'où le
rattrapage qu'édicte le texte.» Extrait de Kashshaf
al-quinaa (2/310). Le deuxième avis sur la
question est qu'il faut s'abstenir de tout ce qui viole le jeûne mais il n'est
pas nécessaire de procéder au rattrapage. C'est le choix de cheikh al-islam, Ibn Taymiya (Puisse
Allah lui accorder Sa miséricorde). Cet avis s'atteste dans le hadith suscité
de Salamah ibn al-Akwaa sur
le jeûne d'Achoura. Ils ne fut demandé à ceux qui
mangèrent au début de cette journée de rattraper le jeûne de ce jour-là, bien
que le jeûne d'Achoura fût obligatoire au début de l'islam. Cela s'atteste
encore dans le fait qu'exiger une abstinence qui ne peut pas se substituer au
jeûne puisqu'on demande à l'abstinent de rattraper le jeûne du jour, revient à
surcharger le fidèle sans disposer d'une prouve.
Cheikh
al-islam, Ibn Taymiya
(Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) dit: «Si on apprend en pleine
journée l'apparition du croissant annonçant le début du Ramadan, on doit
s'abstenir de ce qui viole le jeûne pour le reste de la journée sans être tenu
de rattraper le jeûne, même si auparavant on a mangé.» Extrait d'al-Fatwa al-Koubra (5/376).
Al-Mourdawi (Puisse Allah lui
accorder Sa miséricorde) dit:«Selon cheikh Taquiddine,
on doit s'abstenir de ce qui est contraire au jeûne sans rattraper le jeûne du
jour. Si on apprenait la vision du croissant qu'après le coucher du soleil (du
lendemain), on n'est pas tenu de rattraper le jeûne.» Extrait d'al-Insaaf (3/283).
Cheikh
Ibn Outhaymine (Puisse Allah lui accorder Sa
miséricorde) dit:« Ses propos: s'il est prouvé en pleine journée que le
croissant était apparue la veille, toute
personne tenue de jeûner doit s'abstenir de tout ce qui viole le jeûne.» Ce qui
est prouvé c'est l'entrée du mois (de Ramadan) qui se vérifie grâce, soit à un
témoignage, soit par le fait de porter le nombre des jours de Chaabane à 30. Ses propos :«On
doit s'abstenir» renvoient au fait d'éviter tout ce qui rompt le jeûne. Cela
s'atteste dans l'ordre donné aux gens par le Prophète (Bénédiction et salut
soient sur lui) à propos du jeûne d'Achoura en pleine journée, ordre qui les
poussa à s'abstenir immédiatement de tout ce qui est incompatible avec le
jeûne. Cela s'atteste encore dans le fait que le jour en question fait partie
du Ramadan, ce qui justifie l'abstinence. Ses propos « le rattrapage»
signifient le rattrapage du jeûne du jour dont on a reçu (tardivement) la
preuve qu'elle fait partie du Ramadan. Cela se justifie en ceci que la validité
du jeûne requiert qu'il s'étende sur toute la longueur de la journée et
commencé avant l'aube. Or ici, il n'a commencé qu'au cours de la journée. Les
intéressés n'auraient donc pas jeûné un jours complet. Or le Prophète
(Bénédiction et salut soient sur lui) a dit:« Les actes sont fonction des
intentions qui les dictent. Chacun sera récompensé selon ses intentions.»
La
nécessité du rattrapage dans ce cas (la réception de la preuve de l'entrée du
Ramadan au courant de la journée) est l'avis de la majorité des ulémas.
Cheikh
al-islam, Ibn Taymiya
(Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde)dit: «Les
intéressés doivent s'abstenir de tout ce
qui est contraire au jeûne mais ils ne
sont pas tenus de rattraper le jeûne du
jour. Car ils auraient mangé et bu comme Allah le leur permet avant de recevoir la dite preuve. Aussi
n'avait ils pas violé le caractère sacré du mois. Bien au contraire, étant
ignorants, ils se conformèrent au principe selon lequel ils étaient encore en Chabaane. Ce qui inscrit leur comportement dans la portée
générale de: «Seigneur, ne nous châtie pas s'il nous arrive d'oublier ou de
commettre une erreur...» (Coran,2:286). Ils étaient
comme quelqu'un qui mange en croyant que l'aube n'est pas encore entrée avant
de découvrir le contraire ou quelqu'un qui mange croyant que le soleil s'est
déjà coucher avant de s'apercevoir du contraire. Il est prouvé dans le Sahih d'al-Bokhari qu'Asmaa fille d'Abou Baker (P.A.a)
a dit: «Au temps du Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) nous
rompîmes notre jeûne aux termes d'une journée nuageuse puis nous revîmes le
soleil réapparaitre.» Il n'est pas rapporté qu'on
leur donna l'ordre de reprendre le jeûne de la journée.
Le
cheikh (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) a répondu à la question
concernant l'inexistence de l'intention de jeûner avant l'aube en disant que
l'intention dépend de la connaissance et que les intéressés n'avaient pas su
que le mois était arrivé et qu'ils ne pouvaient pas tenir compte d'une chose
dont ils n'avaient pas connaissance et qu'Allah n'impose à aucune âme ce qui
dépasse ses capacités. Pour cette même raison, s'ils avaient retardé la formulation de leur intention de jeûner
tout en étant conscients de l'arrivée du mois, le jeûne aurait été nul. La
justification donnée dans sa réponse est certes forte mais elle ne l'est pas
assez pour rassurer tout le monde. Le raisonnement par analogie qui le conduit
à évoquer par assimilation les cas de celui qui mange en croyant qu'on est
encore en pleine nuit alors que tel n'est pas le cas ou le faire en croyant que le soleil s'est
couché alors que tel n'est pas le cas, ce raisonnement là est discutable car dans
un cas comme dans l'autre l'intéressé avait l'intention de jeûner et n'aurait
mangé que parce qu'il croyait qu'il faisant encore nuit (dans le premier cas)
ou que la journée était déjà terminée.» Extrait d'ach-charh
al-moumt'i (6/332-333).
En
somme, l'abstinence de tout ce qui est incompatible avec le jeûne est exigée de
toute personne mise au courant de l'entrée du mois de Ramadan, fût-ce au cours
de la journée. Quant au rattrapage du jeûne de la journée (au cours de laquelle
on a appris le début du jeûne) il fait l'objet d'une divergence au sein des
ulémas (Puisse Allah leur accorder Sa miséricorde).Vu le développement des
moyens de communications à nos jours, cette situation arrive rarement.
Allah le sait mieux.