Le jugement du fait de tirer un bon augure du Coran
Au lieu de faire la prière de consultance, certaines personnes choisissent au hasard des extraits du saint Coran et se mettent ensuite à chercher une chose dans la page visée pour y déceler un signe devant peser sur leur décision. Voici un exemple: une fille mariée vient vivre avec ses père et mère car son mari ne respecte pas ses droits. Elle veut même obtenir le divorce. Sa mère ouvre le Coran et tombe sur l'histoire de Moise (psl) et sa mère qui s'entend dire de jeter son fils à la mer en cas de crainte ( de le voir tuer). La mère en déduit que sa fille doit rejoindre son mari. Pouvez vous expliquer cette affaire?
Louanges à Allah
La prière de consultance
repose sur une sunna vérifiée reçue du Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui). Le bon augure tiré du Coran
comme vous l'avez indiqué ne peut pas en tenir lieu. Pire, cet usage du Coran
est interdit selon un groupe d'ulémas puisqu'il s'assimile à l'usage de flèches
de divination.
Al-Qarafi
(Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) a dit: « A propos de la recherche interdite d'une source du bon
augure, al-Tartouchi dit dans son commentaire que
tirer un bon augure du Coran , la divination à l'aide
du sable, le jeu de hasard, la frappe du blé constituent tous des pratiques
interdites car elles s'assimilent de l'usage des flèches de divination. Celles-ci consistaient en des
bouts de bois qui, à l'époque antéislamique, portaient soit fais, soit ne
fais pas , ou restaient sans écriture. On tirait
au sort un bout de bois. S'il portait fais, on se mettait à faire ce qu'on voulait réaliser.
Si le bout de bois tiré portait ne fais pas on se détournait de son
projet et le jugeait mauvais.
Quand le bout de bois
tiré ne portait rien, on recommençait l'opération. C'est une manière d'utiliser
ces bouts de bois pour percer le mystère afin d'y découvrir son destin. Il
s'agit de chercher sa chance, de savoir ce qui est bon ou mauvais pour soi.
Celui qui fait la même recherche avec l'usage du Coran ou d'un autre moyen est
animé de la même croyance car s'il tombe sur un bon signe, il agit en
conséquence et s'il tombe sur un mauvais signe , il
lévite de faire. Ce n'est rien d'autre que la consultance païenne de symboles
que le Coran a interdite.» Extrait d'al-Fourouq,4/240.
Al-Nafrawi
a dit: « Le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) aimait le bon
augure, toute chose de nature à rassurer comme un bon mot. On trouve dans un
hadith authentique: «Pas de mauvais augure à tirer de l'envol d'un oiseau. Le bon présage est à retenir. On
lui dit alors, Messager d'Allah! Qu'est-ce qui est un bon augure?- Un bon mot
entendu par l'un d'entre vous. Selon une autre version: le bon augure lui
plaisait. Une autre version dit: «J'aime l'agréable présage». En voici un
exemple: quand quelqu'un sort de chez lui pour voyager ou se rendre au chevet d'un
malade et entend par coïncidence quelqu'un crier: ô sain! ou ô triomphant! ou ô
bien portant!
Cependant, si on suscite
de telles réactions pour s'en inspirer afin de décider ,
cela n'est pas permis car on s'assimile aux usagers des symboles interdits employés
à l'époque antéislamique dans le cadre de leurs pratiques hasardeuses.
Fait parti des pratiques
interdites l'usage divinatoire du Coran car il s'assimile à l'emploi des
flèches de divination et parce que le résultat peut être contraire à la volonté
de l'usager, ce qui pourrait l'amener à tirer un mauvais augure du Coran.
Si quelqu'un veut faire
une chose et entend quelque chose qui ne lui plait pas, qu'il ne se détourne
pas de son projet et qu'il dise: Monseigneur! Ne peut apporter le bien que Toi.
Ne peut apporter ou repousser le mal que
Toi.» Extrait de al-Fawakih al-Dawani, 2/342.
Cheikh al-Islam, Ibn Taymiyyah (Puisse
Allah lui accorder Sa miséricorde) a été interrogé à propos de l'usage
divinatoire du Coran. Voici sa réponse: «Quant au fait de tirer un bon augure
du Coran, rien le concernant n'a été rapporté des ancêtres pieux. Les dernières
générations (d'ulémas) ont engagé une controverse sur la question. Al-Quadi Abou Ya'alaa a évoqué
ladite controverse. Il a mentionné qu'Ibn Battah l'a
fait et que d'autres l'ont réprouvé.
Cet usage du Coran n'a
rien à voir avec le bon augure cher au messager d'Allah (Bénédiction et salut
soient sur lui). Certes, il aimait le bon augure et réprouvait le mauvais
présage. Le bon augure qu'il aimait consiste à se résoudre à faire une chose en
comptant sur Allah et à entendre ensuite un bon
mot qui rassure. Par exemple un mot comme: ô toi qui vas réussir! Ocirc;
toi qui vas connaître le bonheur! Ocirc; toi, l'heureux! Ocirc; toi le victorieux!, etc.
C'est dans ce sens qu'il
rencontra au cours de son émigration un homme et lui demanda son nom.
L'interrogé lui répondit qu'il s'appelait Yazid ( développement, croissance). (Tout contenant), le Prophète
dit à Abou Baker ( en guise de commentaire): «Notre
projet va se développer». Quant au mauvais présage, il consiste à se résoudre à
faire une chose en comptant sur Allah et à entendre ensuite un mot désagréable
comme : «ça ne va pas marcher » ou ça ne va pas
réussir», etc. et à en tirer un mauvais présage de sorte à abandonne son
projet.
Il est interdit d'agir
de cette manière d'après un hadith authentique rapporté par Muawia
ibn al-Hakam as-Soulami qui
déclare avoir dit: « Ocirc; Messager d'Allah! Il y a parmi nous des gens
prompts à tirer un mauvais présage…» Il dit: «C'est un sentiment qu'on éprouve
(naturellement) mais ne le laisse pas vous détourner (de vos projets).» Aussi le Prophète (Bénédiction et salut soient sur
lui) interdit il au fidèle serviteur de se laisser détourner de ses projets par
le mauvais présage.
Dans son amour du bon
augure comme dans son rejet de se fier au mauvais présage, le Prophète
(Bénédiction et salut soient sur lui) se décidait sur la base de sa confiance
en Allah et agissant en usant des moyens établis par Allah. Le bon augure
qu'une situation lui inspirait ne constituait pas un facteur déterminant ou un
motif d'entreprendre, et le mauvais présage ne l'empêchait pas de faire.
Ces facteurs ne
déterminent que des gens assimilables à ceux de l'époque antéislamique qui se
décidaient en fonction des indications des flèches de divination. Or Allah a
interdit à deux endroits de Son livre l'usage de ces flèches. Les gens de l'époque susmentionnée avaient l'habitude,
chaque fois qu'ils projetaient une affaire de procéder à une opération
divinatoire à l'aide soit de flèches , soit de
cailloux , soit d'autres objets. Les trois
instruments utilisés portaient l'un la mention bon, l'autre la mention
mauvais tandis que le troisième était laissé vide.
Quand le tirage au sort
affichait le premier, ils exécutaient leur projet et quand il affichait le
deuxième, ils s'en abstenaient et quand il affichait le troisième, ils
recommençaient l'opération. Toutes les espèces de divination assimilables à
cette pratique comme celles qui se font avec usage de flèches, de cailloux, du
blé, d'un tableau, du papier portant des lettres de l'alphabet ou des vers ou
d'autres choses allant dans le sens de l'indication de ce qu'on doit choisir de
faire ou de ne pas faire. Tout cela est interdit parce qu'assimilable à l'usage
des flèches de divination. Ce que la Sunna
préconise c'est de consulter le Créateur, de se concerter avec son semblable et
d'user des arguments religieux qui indiquent ce qu'Allah aime et ce qu'il
réprouve et interdit.
Les pratiques en
question visent tantôt à savoir si ce qu'on projette de faire est bon ou pas,
tantôt à savoir si ce qui est bon dans le passé ou dans le futur. Or tout cela
n'est pas institué. Allah le Transcendant et Très Haut le sait mieux.» Extrait
de madjmou' al-fatawa,23/66.
Il en ressort clairement
que le fait de tirer un bon augure d'un extrait du Coran qui nous tombe sous
les yeux dès son ouverture et vouloir ensuite se déterminer en fonction de cela
est assimilable à l'usage des flèches de divination. C'est tout le contraire du
bon augure qui apparaît immédiatement après qu'on s'est engagé dans une
opération. C'est le cas quand on entend un bon mot incidemment.
Ce qui est dit à propos
de l'épouse à laquelle on ne donne pas ses droits prouve l'invalidité de la
méthode mentionnée. En effet, on pourrait rétorquer que le verset indique qu'on
doit opter pour la séparation et l'éloignement même quand ils peuvent avoir des
conséquences redoutables à l'instar de
la mère de Moise qui, bien qu'ayant jeté son bébé à la mer , eut
une issue favorable.
Ce qu'il faut faire dans
le cas présent , c'est d'examiner le problème, de voir
ses causes et moyens religieux de traitement comme la dispense de bons conseils
et le recours aux services de deux arbitres issus des familles des époux, etc.
Allah le sait mieux.