Le jugement du fait de dire au sortir de la prière: 'Puisse Allah agréer'
Certains frères disent 'puisse Allah agréer' après la fin de la prière. Je sais que c'est 'une innovation mais je voudrais des détails: pourquoi c'est une innovation? Lequel des ulémas l'a qualifié d'innovation? Quant on dit à bon nombre de gens que c'est une innovation, ils sont gênés et ils disent que ce n'est qu'une invocation visant à faire agréer la prière par Allah.
Louanges à Allah
Premièrement, en
principe, on qualifie une pratique cultuelle de conforme à la Sunna ou d'innovation
en s'appuyant sur ce qui est reçu du Prophète (Bénédiction et salut soient sur
lui). Tout ce qui relève de l'enseignement du Prophète (Bénédiction et salut
soit sur lui) est une sunna. Tout ce qui ne faisait pas partie de la (pratique)
religieuse du Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) ne peut pas être
intégré aujourd'hui dans la religion.
Abou Dawoud (4607) et d'autres ont rapporté d'après al-Irbadh ibn Sariya (P.A.a) que le Messager d'Allah (Bénédiction et salut soient
sur lui): «Celui d'entre qui vous vivra après moi verra
de fréquentes divergences. Restez attachés à ma sunna et à celle des califes
bien guidés. Accrochez-vous y; mordez-les avec vos
molaires. Méfiez-vous des pratiques innovées. Toute pratique nouvelle
(introduite dans la religion) est une innovation et toute innovation
(religieuse) est une aberration.» (Déclaré authentique par al-Albani).
Al-Hafedz Ibn Kathir (Puisse Allah
lui accorder Sa miséricorde) a dit: «L'ensemble des
membres de la communauté sunnite qualifient tout acte ou propos non reçus des
compagnons (du Prophète) d'innovation. Car s'il s'agit d'un bien
, ils l'auraient fait puisqu'ils n'avaient découvert rien de bon sans
s'être précipités à le faire.» Tafsir d'Ibn Kathir (7/278-279).
Cheikh al-Fawzan a dit: «Les innovations
introduites dans les pratiques cultuelles sont nombreuses en ces temps-ci. En
principe, les pratiques cultuelles sont à recevoir telles quelles. Rien ne peut
en être institué en l'absence d'un argument. Ce qui ne repose sur aucun
argument est une innovation, compte tenu de la parole du Prophète (Bénédiction
et salut soient sur lui):« Quiconque accomplit un acte
non conforme à notre ordre le verra rejeté.» (Rapporté par al-Bokhari, 2697 et
Mouslim,1718).
Les pratiques
cultuelles perpétuées à nos jours sans aucun argument sont très nombreuses...»
Voir al-bid'aa, anwaahouha
wa ahkamouha, extrait
de l'œuvre d'al-Fawzan (14/15).
Troisièmement,
cheikh Ibn Outhaymine (Puisse Allah lui accorder Sa
miséricorde) a été interrogé en ces termes: «Eminence,
que pensez-vous de l'échange de poignée
de main en disant: 'puisse Allah agréer' immédiatement au sortir de la prière?
Il a répondu en disant:« Ni la pognée de main et
la parole 'puisse Allah agréer' au
sortir de la prière ne sont fondées (sur un argument). Ce n'est reçu ni du
Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) ni de ses compagnons (P.A.a). Madjmou fatawa wa rassail
Ibn Outheymine (13/171).
On l'a interrogé
encore en ces termes: «Il y a encore des gens qui
ajoutent des dhikr après la prière. Par exemple, ils
disent : 'puisse Allah agréer' ou 'zamzam' après
avoir fait leurs ablutions. Quel est votre commentaire?
Puisse Allah Très-haut vous protéger?»
Voici sa réponse:« Cela ne relève pas du dhikr.
Le fait de dire: 'puisse Allah agréer' après la prière
est plutôt une invocation. Pourtant, nous ne pensons pas qu'on doive le faire,
ni après les ablutions ni après la prière, ni après avoir bu de l'eau de zamzam car, à force de se livrer à telles
pratiques, on finit par en faire une sunna et partant les légitimer à son
insu.» Madjmou fatawa
wa rassail Ibn Outhaymine (13/211).
Néanmoins, il
convient de faire preuve de
sagesse et de douceur quand on explique des pratiques qui peuvent ne pas être claires
pour beaucoup de gens qui les prennent pour de simples invocations sans rapport
avec les innovations. La bonne conduite veut qu'on réponde à celui qui prie
pour vous en le lui rendant ou en disant: puisse Allah
vous récompenser par le bien ou d'autres expressions pareilles, quitte à
expliquer ensuite ce que prévoit la sunna en de pareils cas.
At-Tirmidhi (2738) a rapporté d'après Naafi
qu'un homme qui se trouvait près d'Ibn Omar éternua et dit:«
Louanges à Allah, paix sur le Messager d'Allah.» Ibn Omar dit:«
moi, je dis :Louanges à Allah, paix sur le Messager d'Allah. Mais ce n'est pas
ce que le Messager d'Allah (Bénédiction et salut soient sur lui) nous a
enseigné (en la circonstance); il nous a appris de
dire: louanges à Allah en tout état.» (Jugé bon par al-Albani).
Voyez comment Ibn Omar (P.A.a) a expliqué à son voisin que ses propos n'étaient pas
contestables en soi et que ce qui l'était c'était leur substitution à la sunna
du Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) ou leur maintien à côté de la
sunna. Méditez la sagesse dont il a fait preuve à l'endroit du fautif et la
douceur avec laquelle il l'a rassuré tout en tenant à lui expliqué ce que la
sunna prévoit en la circonstance. Voir la réponse donnée à la question n°
1884.
Allah le sait mieux.